Vu la dégaine de la conseillère ; comment elle surarticule la moindre syllabe ; ça sent mauvais cette histoire. Elle referme les stores, met en route le projo’ – j’avais pas remarqué la toile qui recouvrait le mur du fond. Elle déballe son programme, diapositives à l’appui, intitulé : le chemin vers la réinsertion. Personne n’a l’air d’y biter grand-chose à son laïus. Est-ce qu’elle sait qu’on est là par obligation ? Qu’on est là rien que pour chopper cette attestation certifiant que OUI, on a assisté à ce bilan, qu’on a montré patte blanche à l’administration, et qu’on nous les file enfin nos cartes de séjour… rien à battre de son programme en 3 étapes vers la réinsertion, est-ce qu’elle a juste pris le temps de regarder nos gueules ? À commencer par la mienne, dessus se lisent direct les traumas. Habitués à glisser, raser les murs ; ils ont pas repris un semblant d’épaisseur, nos corps.