Il lui a fallu tout reprendre depuis le début, réapprendre la vie normée ; l’existence qui semble aller de soi. Dix années qu’il s’est trimballé de villes en villages, de hameaux en fermes. Cherchait, cherchant un toit. Sans papiers ; sa présence dissimuler. Sur le qui-vive. Clandestin. Nord/Sud – territoire écumé. L’errance ; une matinée d’août en marque la fin. Rase campagne ; herbes roussies, pas qui craquent. Soleil, pas tout à fait au zénith. Canicule prochaine. Son abri qu’il regagne, poche qui vibre ; téléphone, numéro masqué à l’écran. Jamais d’appels, habituellement. Premier qu’il reçoit depuis… il ne sait plus. Ça s’évanouit, vibrations et lueurs. Ça reprend aussi sec. On insiste. Hésitations. Il décroche. Voix, polie mais ferme : pas de allô, bonjour direct. Conversation : silences, mots et souffles échangés. Il n’en retient que des bribes… régularisation acceptée… certificat de résidence… vie privée, vie familiale… Courrier-confirmation…. trois jours… Avignon.