… comme un écho, hasard, coïncidence, destin pour d’autres, le fameux مكتوب maktoub qui a régi ma vie algérienne, achevant cette vidéo au sujet de a poésie ouvrière au XIXème, ayant passé une semaine à écumer les textes de Gilland, de Gauny ou encore Hilbey(1), recevoir un courriel sur cette boîte dont je me défais(2), appel à texte celui de la revue Rue Saint-Ambroise, ma première publication papier, c’était quoi, il y a cinq ou six ans(3) ? Dans cette même revue, un texte, cinq, six pages ? Le mot, lourdement composé, écrit pourtant rapidement sous le clavier d’un ordinateur, je reprends SOUS le clavier d’un ordinateur. Seul emploi dégotté après quelques années de clandestinité, télévendeur ; casque rivé aux oreilles, solidement harnaché à l’ordinateur et entre deux appels, entre deux insultes légitimes de « prospects », pas clients ou personnes prospects, elles ne sont que pour être prospectées, c’est le terme par lequel on les désigne qui le dit, donc tromper ce travail marchand en écrivant, en dissimulant le carnet et le stylo sous le clavier, tandis que l’ordinateur continue d’ordonner, ordonner le travail marchand, ordonnant les arrêts pour souffler et les pauses bien sûr, m’ordonnant de poursuivre ou de m’arrêter, et moi, là avec mon stylo, reprenant tout ça, puis le retranscrivant sur mon combinateur(4) pour l’envoyer, quelques revues, dont Saint Ambroise quelques mois après, publication, pour la première fois tenir son texte imprimé, le lire aussi, ce texte sous le regard et l’ouïe d’un public clairsemé,
(1)… regret de ne pas avoir su dénicher les textes des ouvrières, très peu présentes dans cette première partie, on se rattrapera sur la deuxième. Il faudra revoir mes références, puiser les références avec la meilleure représentation. Sortir des références évidentes, faciles, sans pour autant négliger les passages obligés. (2) Se défaire, dans le même geste, de l’internet centralisé, des gmail, facebook et autres, en revenir aux sites, comme ici, pourquoi pas aux forums désormais dépeuplés que je ne consulte plus depuis… (3)pas évident de faire le décompte de ces dernières années, les conditions non pas simplement précaires se sont enchaînées, accumulées, d’étudiant étranger – algérien qui plus est, à sans papier, puis sans papier ET sans abris, puis « simplement » sans abris, et puis le servage, le servage de l’emploi et du travail marchand, vendre et se vendre, ici ou là, non pas simplement son corps, si l’on pouvait vendre une partie de soi indépendamment du reste… c’est son être que l’on vend au travail marchand, sa manière d’être et forcément cette manière, sa manière qui s’en trouve affectée d’être ainsi vendue, changements d’abord subtils qui s’opèrent jusqu’au basculement* et pas que nous ce changement, que pour nous humaines et humains les machines aussi qui passent (4) d’ordinateur (terme théologique tombé en désuétude désignant Dieu. Ordinateur : celui qui ordonne. La machine a été ainsi nommée à la suite des conseils de Jacques Perret qui a préféré ce terme) à combinateur, chez nous dans notre usage privé, ça devient des combinateurs, pas forcément d’ordres**, on combine comme l’on veut,
** hormis pour celles et ceux qui s’enferment dans la sphère du logiciel non libre.