De la fatigue. Pas bougé ces jours derniers. L’œil gauche, douloureux, un peu rouge. De la fièvre aussi, forcément, dans le contexte actuel, on fait quoi ? Internet, on tape, covid + douleur + œil ; quelques occurrences, plus ou moins sérieuses. Bien sûr, on s’inquiète… le lendemain première heure, on file, pharmacie, froid, un peu sec, on se couvre, on attend, devant la pharmacie que ça ouvre, pas de monde, pas encore, on a le casque-audio rivé sur la tête, on écoute.

00:00 / 00:16

8 heures. Lumières. Le rideau qui se lève. D’abord passer au comptoir, donner carte vitale et quelques info’s perso’s. On sera le premier, dehors, le petite cabine, attendez devant, ça ouvre dans 5 minutes. On attend, une nouvelle fois, musique.

Des lèvres qui remuent, on retire le casque,
– …jour, installez-vous, là, oui enlevez le masque, relevez la tête,

Ça glisse, le coton-tige, d’abord la narine droite puis la gauche. Ça picote. Ça remonte aux yeux, à l’œil, déjà endolori.

– faut attendre un p’tit quart d’heure pour le résultat…

Ça pique, dehors, les narines et le froid. Ça passe quand-même. Et le test ?

Négatif, merci, au revoir.

Retour à l’appart’, et toujours la douleur à l’œil gauche. Pas d’écran. Pas la capacité de faire face à l’écran. Pas de pages, pas de papier aussi. À défaut d’écran et d’écrit, sortir. Pourquoi pas ? Parc à Montreuil. Lecture d’un œil, on essaye. L’homme qui penche Thierry Metz, absorbé en quelques minutes. Je résiste pas alors. Twitter, je pianote quelques mots dessus, autour.

C’est idiot, comme si… impossible pour moi de ne pas écrire, ne serait-ce qu’un jour, graphomane, partout et tout le temps et par tout les moyens, un peu, étrange, cette relation à l’écrit, quand même, encore et toujours et sans cesse, écrire, ça a toujours été comme ça, partie liée de mon existence par l’écrit, malgré la douleur, incertaine, qui va-et-vient. Des années que c’est comme ça. C’est pas venu de nulle-part, cette histoire. Ces jours, ces années, sans rien, où juste l’écrit, encore et toujours l’écrit, s’attabler à quelques terrasses et laisser aller ses doigts, c’est du vide à remplir, à engouffrer, dans et par l’écrit, pour pas être face à soi, seul à soi, s’écrire pour pas être soi, rester dans le devenir de l’écrit, alors malgré l’œil et la douleur, j’écris – beaucoup moins -, parce que pas d’autres solutions, parce que accroc, parce que junkie de l’écrit.

Posted by:Ahmed Slama

Ahmed Slama est écrivain (Remembrances, 2017 ; Orance, 2018) et développe une activité de critique offensive, par des textes et des vidéos, qu'il diffuse principalement sur le site litteralutte.com. A publié, entre autres, Marche-Fontière aux éditions Les presses du réel, collection Al Dante, à commander pour soutenir l'auteur, sa chaîne et le site Littéralutte. À lire la revue de presse de Marche-Frontière.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *