… visage qui ressurgit, rue quelconque, visage-connaissance (amie ?) lien rompu par le voyage, visage d’Algérie, l’Oran quitté depuis dix ans, visage pas vu depuis dix ans, le retrouver, hasard des rues parisiennes, bises de rigueur, salutations de courtoisie, un café ? se poser, terrasse ou pas terrasse ? dix ans, les habitudes se sont altérées, le temps pour de passer de fumeur passif – étrange souvenir du père, mon père fumant, et moi, jeu d’enfant, aspirer la fumée – à non fumeur – découvrant les dangers de la fumée – à fumeur – l’arrivée en France, la découverte des roulées, des assemblées estudiantines – puis non-fumeur – les toux, le souffle en permanence coupé ; ce manque, de quoi ? non pas la dose de nicotine qui nous tient debout, mais ce geste languide, répétitif ; le café qui sans agréments – à vapoteur enfin,
… discussions alors, terrasse ou pas terrasse ? pas de terrasse, intérieur et chaleur, intérieur et confort que d’habitude je fuis, la caresse du cosy et du lounge, et ce visage ? face à moi, sourire, rire, des bouts d’Oran, des bout d’Algérie, pas forcément la petite musique nostalgique, non, le milieu, l’entre-deux plutôt, entre le départ d’Oran, la disparition de ce visage de mon quotidien et sa réapparition soudaine, aujourd’hui,
… dix années condensées qui refluaient, pas de linéarité, et la discussion filait, ce que tu fais aujourd’hui, t’es marié.e ? non ? Oui ? dix années compactes et sans chronologie, la rue, les nuits dans la rue, les jours dans les champs, le froid et la chaleur les villes si dissemblables dans leurs similtudes ; Amiegnon ou Avimiens, Lyolle ou Lillyon, Aubertreuil ou Montrilliers ?
ça me fait plaisir que tu te trouver bien, الحمد لله لراك بخير
… chacun parti de son côté, le visage avec ses souvenirs de moi de ses dix ans apparemment paisibles ; moi et mes dix années singulières,
