… ça t’accompagne, au moins t’es jamais seul, forcément, elle est toujours là, perchée, elle te lâche pas, pas loin, jamais loin, faut lui dire bonjour au réveil, elle est couchée à côté ou carrément sur toi, je dis elle, mais remarque ça peut être il, lui dire donc bonjour ça coûte rien et c’est gentil ; commencer la journée du bon pied, si ça veut bien démarrer parce que, lui ou elle fera son possible pour que tu le quittes pas le lit,
– on est pas bien ? là, tous les deux, tranquilles paisibles, c’est tout calme, du calme, pas de mouvements, rien, pas un pet, enfin si le tien que tu viens de lâcher, mais justement c’est pas ça être détente ?
… pas tort, on s’amollit, se ramollit ; les emmerdes viendront bien tôt, là, calme chaud doux moelleux, s’étendre avec, pourquoi pas ? le corps en croix, l’épandre le corps, que ça prenne, que ça gobe chaque parcelle de drap, tout molleton qui traîne, et le matelas et les oreillers,
– alors que dehors ça passe et ça gicle de partout, jette un œil par la fenêtre, tous et toutes à passer repasser de partout, métro, bus, à pied ou à vélo, ça s’écoule de partout, sans cesse et sans répit alors que nous, hein, tranquilles,
… revenir au flottement, oui, ça flotte une fois les paupières closes, du rien et du vide, pas de rêve, si peu de rêves, juste de l’obscurité, de la pénombre de théâtre sans allumage ni extinction de projecteur, sans comédien et sans décor, pas de scène juste de l’obscur.
– profites, pas tous les jours, pas tous les matins que tu l’auras cette chance, rester là, lit, paisible, oui, la paix, t’as la paix pour un moment, alors vas-y, y a pas de mal, faut te la couler douce tant que t’as la chance…
On est parti, avec elle, avec lui, on ne fait qu’un sur le lit ; quelque soit son nom, abattement ou dépression.
