… préparant la liste de livres que je m’apprête à évoquer ces semaines prochaines, préparant également la mise en place de critiques et de recensions plus régulières du côté du site litteralutte.com – bien pauvre et bien délaissé, pour l’instant – je remarque, dans mes références et mes écrits, la non-représentation de la littérature des pays Africains ! Rien, nada, pas une référence. Impardonnable !

Ça me fait toujours ça quand je lis un billet ou que je regarde une vidéo de Guillaume Cingal, cette culpabilité qui pointe, un malaise, absence totale de maîtrise et non prise en compte, ou si mineure, de la littérature des pays Africains, alors, oui, il m’arrive de traiter, parfois, d’écrivain·es ou de philosophes issu·es de l’Afrique du nord (et plus particulièrement d’Algérie) ; mais bon, ça, rien d’extraordinaire, je regarde juste devant ma porte, moi qui suis né, ai cru en ce pays – fait ma croissance. La littérature des pays africains subsahariens ? nada,والو Walou, comme on dirait en bonne langue algérienne !

Ça m’a fait pareil y a quelques mois, lisant Encyclopédie de la domination masculine d’Andréa Fatima Touam [Al Dante, 2019] ça m’avait marqué, si peu d’écrivaines et d’autrices dans mes recensions, j’en avais même fait la liste, à l’occasion de mon article depuis, je tente, j’essaye (et c’est pas gagné !) d’alterner, de m’imposer une contrainte, contrainte éthique dans la critique de recension. Alterner une écrivaine, un écrivain ; mais on ne se refait pas et l’on ne refait pas ses réflexes viriarcaux en un claquement de doigts, c’est bien incorporé dans nos corps, nos manières, les manières de nos corps, on a toujours l’œil qui penche – en librairie où je vais rarement ou écumant les réseaux plus promotionnels que sociaux – vers les écrivains. Se décentrer alors, en revenir à la contrainte éthique qui dès le départ, dès mes premiers écrits au sujet de ce qui s’écrit aujourd’hui était là, pas au niveau du genre et des nationalités… au commencement, c’était (et elle y est encore aujourd’hui) celle de la représentation des maisons d’édition à taille humaine, je dis à taille humaine, et non maisons « indépendante », parce qu’on le sait, elle est illusoire, on est jamais totalement indépendant. Ce qui compte, à mon sens, c’est le fonctionnement de la structure. Et donc à ce choix de traiter essentiellement des maisons à taille humaine, j’ai adjoint la contrainte de genre, vient maintenant, et bien tardivement (il faut le dire), celle des nationalités.

Changer, de perspective, changer de méridien littéraire (je vous en parle par ici, du méridien littéraire ; changer ce qui fonde, pourrait fonder mon intérêt pou tel ou tel texte* mais voici que par rapport à cette question des nationalités, je me retrouve confronté à plusieurs écueils ;

– si peu, trop peu de structures éditoriales à taille humaine publiant des écrivain·es issu·es de pays africains, c’est très franco-français, et (très) blanc – blanc en tant que construction sociale – ; hormis quelques exceptions** on va plutôt retrouver ces écrivain·es (issu·es de pays africains) du côté de structures éditoriales qui dépendent de grands groupes.

– une autre question chevauche celle-ci, la manière – ce que d’autres appellent style ! La composition même de ces ouvrages, on est dans l’histoire, on nous raconte une histoire (le plus souvent) avec cette étiquette roman bien présente, il n’y pas le renversement du code du roman, forcément au vu des contextes, politiques et sociaux de ces pays, le peu de représentation de ces pays, on écrit d’abord et avant tout pour témoigner, pour évoquer telle ou telle situation, la sélection des structures éditoriales entrent également en jeu, le manque structures (ça je l’évoquais par ici)

À partir de là, il faudrait peut-être accepter de céder sur une contrainte pour en satisfaire une autre, comme je m’apprête à le faire en évoquant peut-être (faut déjà que je lise le roman) Les noces de Jasmin de Hella Feki [J-C Lattès, 2020] autrice tunisienne. Il me faudra sûrement être plus attentif, (re)chercher mieux, prendre en compte ce qui se fait sur le web…

Voilà la feuille de route, y a plus qu’à comme on dit trivialement…

* d’ailleurs on peut parler également de ces questions de textes et de livres, pourquoi forcément n’évoquer, dans ce que l’on pourrait appeler mes chroniques, seulement des livres ? et pas des sites d’écrivain·es ou encore des vidéos ?
** Al Dante, Macula, Publie.net, Dodo Vole, Les Forges de Vulcain, Attila ou le Tripode

Posted by:Ahmed Slama

Ahmed Slama est écrivain (Remembrances, 2017 ; Orance, 2018) et développe une activité de critique offensive, par des textes et des vidéos, qu'il diffuse principalement sur le site litteralutte.com. A publié, entre autres, Marche-Fontière aux éditions Les presses du réel, collection Al Dante, à commander pour soutenir l'auteur, sa chaîne et le site Littéralutte. À lire la revue de presse de Marche-Frontière.

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