… reprendre l’écriture quotidienne, celle d’un certain quotidien, le mien, fait – ne nous cachons pas derrière quoi que ce soit – de terreurs et d’angoisses vis-à-vis de ce dehors perçu dans l’uniformité de la menace constante, permanente et persistante.

Ce qui est advenu, dans et par ce passé pas si lointain, forcément que ça y est pour quelque chose, on éprouve, le plus souvent, l’expérience actuelle dans et par ce qui s’est passé. Il faudrait alors s’émanciper de ce canevas tracé par ce qui nous est advenu, pas simple l’affaire ! Ça marque forcément, ou comme on dit trivialement ça laisse des traces… puis effacer ces traces ne reviendrait-il pas abandonner ce qui nous a fait ? Ce qui a fait, pour moi, ce devenir escargot ou tortue ; avancer à ma manière, à la cadence de ma manière, et à la moindre angoisse-terreur, hop ! Coquille ou carapace, se préserver. Que le temps s’écoule, pas grave, s’astreindre à une temporalité singulière ; la mienne.

Devenir tout droit advenu de ces temps – pas si lointains – où j’errais, parcourant cette ligne verticale qui allait de Lille à Avignon, avec pour escales Paris et Lyon. Ça a duré quelques années, pas de chez soi et pas d’abri, simplement des parcelles qui, agglomérées, en faisait un :

… le sac à dos faisant office de placard ; les tables des cafés, de bureau ; les bancs publics de lit ; les bains publics de salle de bain ; les bibliothèques publiques et de salle de travail et de salle de repos…

Débrouille du moment, débrouille de l’instant et qui, contrairement à ce qu’affirment beaucoup, ne forge rien du tout ; n’apporte ni ne rapporte rien, si ce n’est la marque ou la trace gravée dans la chair, je m’entends dire, encore aujourd’hui, ça t’a forgé le caractère équivalent du poncif éculé ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ; foutaises masculinistes du dépassement de soi, idéologie toute bourgeoise du « souffrir » pour « réussir » ; en gros celle du travail !

Non, ce qui ne nous tue pas, nous marque… c’est tout.

* Distinguer la citation en elle-même et ce qu’on en fait.

Posted by:Ahmed Slama

Ahmed Slama est écrivain (Remembrances, 2017 ; Orance, 2018) et développe une activité de critique offensive, par des textes et des vidéos, qu'il diffuse principalement sur le site litteralutte.com. A publié, entre autres, Marche-Fontière aux éditions Les presses du réel, collection Al Dante, à commander pour soutenir l'auteur, sa chaîne et le site Littéralutte. À lire la revue de presse de Marche-Frontière.

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