… me suis interrogé, et je m’interroge encore au sujet de ces critiques alignées, ici ou là, critiques de livres dont la date de publication est plus ou moins récente, lire, puis agencer, sur la feuille simulée à l’écran, un écrit, que j’envisage comme une analyse plutôt qu’une simple recension. L’idée étant d’échapper d’une certaine manière au jeu promotionnel. Lisez tel livre, il est bien ! Peut-on vraiment y échapper ?
Mon propos à beau être critique ou analytique – on va dire rapidement. Mais on reste dans l’idée de promouvoir ; c’est simplement tourné d’une aut’ manière. Ça se cache derrière des atours, mais n’est-ce pas simplement un pis-aller rhétorique ? Là où des « journalistes littéraires » mainstream écrivent et décrivent les livres comme importants, puissants, imposants, coup de cœur et coups de poing, décalés ou loufoques… et je vous passe la kyrielle de poncifs éculés de la presse littéraire, est-ce que moi, à mon niveau, je ne fais pas pareil ?
Livre singulier évocation de l’écriture : particulière…etc. Bien préciser que ce n’est pas l’histoire qui compte, ou même la dite forme. Parler de manière et de matière histoire d’éviter les écueils de la forme et du fond. Enchaîner ensuite sur une référence illustre – Simon ou Beckett, Ernaux, Gertrude Stein –, un ou deux repères politiques. Et voilà, c’est ficelé, emballé. Difficile de ne pas y voir du promotionnel adapté à un certain public… plus lettré, on va dire rapidement, et avec des références – ce qui n’arrange rien, on est d’accord !
Pourtant l’idée de départ, de ces critiques, c’était d’un côté répondre par des livres aux voix qui ne cessent de répéter la supposée mort de la littérature, de l’écriture. Pas morte certes, mais toujours susceptible d’être assassinée. L’idée aussi, c’était de mettre un grain de sable, non pas dans la machine, mais de l’autre côté de la balance, celle de la représentation médiatique de la littérature. Médias où il n’y a de place que pour les structures éditoriales les plus riches (symboliquement et économiquement) ; donner (un peu) de visibilité aux œuvres et aux maisons méprisées et ignorées. Le projet même – que je le veuille ou non – s’inscrivant de fait dans un paysage marchand, dans la structure même du livre-marchandise. Il est vrai je m’astreins à évoquer des maisons d’édition à taille humaine, mais quand bien même, on y est en plein, dans le livre-marchandise. Je me sens tout poisseux, cette impression, qui ne me quitte pas, impression que tout ce que l’on peut écrire, si l’on traite d’une certaine actualité littéraire, revient à dire :
Achetez ce livre, il est bien !