Ça fait quelques mois que ça dure. Plus possible de continuer ainsi. Bien sûr, nous avons discuté, essayé de trouver des solutions. Mais, non. Ça ne fonctionne plus. Entre nous, c’est fini. Ouais, y a des temps comme ça où il faut savoir lâcher. On fait pas (toujours) ce qu’on veut, comme on le veut. Y a des choses qui nous dépassent, on a fait avec, on a fait comme si, pendant combien de temps ? Et puis vient le jour, le jour fatidique où ça lâche, on se lâche, plus possible de traîner avec toi, je t’ai plus dans la peau, tu me files l’urticaire. Oui, je sais, celles et ceux qui, parfois, passent ici, sont déçu·es, en général y a (un peu) plus de recherche… mais là, aujourd’hui, c’est l’Évènement qui tout écrase – comme on me l’écrivait il y a quelques jours en commentaire. Dans ces conditions, ces moments, pas de place, ou si peu, pour l’écriture, c’est la fin d’une chose, on a été heureux, on ne l’est plus.
Un être vous manque et tout est dépeuplé.
Oui, oui, j’en suis à ce niveau ! C’est comme ça, il y a des temps où il faut les assumer les pires clichés, parce qu’ils recoupent une certaine vérité, ne les appelle-t-on pas lieux communs ? Parce qu’au fond, ces phrases et ces mots que toutes et tous nous pouvons formuler par devers-nous, bah on s’y retrouve. Et l’abandon, le départ, la séparation, ça fait partie de ces moments auxquelles toutes et tous nous nous sommes confrontés. On les a éprouvés alors, dans notre chair, et le confort (parfois relatif) de nos chaires. Ces phrases dont on se moquait il y a quelques jours, minutes, parfois même secondes auparavant ; bah elles se gorgent de sens, elles résonnent en nous.
Mon casque me file l’urticaire, des plaques d’eczéma comme pas possible. On a parlé, discuté. Moi je n’ai pas eu voix au chapitre, je n’ai fait qu’écouter, l’écouter, lui qui, une fois branché, ne cessait de débiter des décibels de musiques et de paroles. Mais m’a-t-il un jour écouté, moi, mon casque ? S’est-il soucié de cette urticaire qui me rongeait l’à l’entour des oreilles ?
On a tenté une conciliation, nous sommes allés voir un spécialiste, un médecin qui, en lieu et place des habituels cachés d’ibuprofène, nous a filé de l’huile d’amande douce et de la crème contre l’eczéma, un signe que j’avais pensé alors, du lubrifiant pour que dure encore notre relation.
Rien de plus que des rustines tout ça. Il fallait bien se décider à prendre une décision. J’ai tenté, encore une fois de lui parler, mais sourd mon casque que je vous dit ! Malgré l’urgence de la situation il continuait son monologue, et encore si ç’avait été le sien ! Il ne faisait que rapporter ce que d’autres appareils (lui) disaient. Incapable de me donner sa version des faits. Sans raccordement à quelque appareil, il restait mutique. Incapable de m’écouter. Qu’auriez-vous fait à ma place ?
Je l’ai congédié, il est parti, ce matin, dans la valise de celle qui me l’a offert – cette entremetteuse qui s’est pris quelques jours de vacances. Il nous faut du temps, que je réapprenne à vivre sans lui, que je réapprenne à sortir sans lui, sans la bulle protectrice contre le dehors et ses nuisances. En terrasse, écrivant ces mots, j’ai trouvé un substitut – bien piètre – des bouchons d’oreille ou ce que l’on nomme commercialement des boules de quiétude latine… on fait avec… pour l’instant.